Y'a t'il un homme dans l'avion?

Twingo à 4 réacteurs

Alors bon.

Aujourd’hui c’est le grand jour.

Les Alizées décollent de Paris pour Fort de France.

Environ 60 équipes de trois, soit 180 filles dans le même avion, je préfère ne pas y penser.

Seuls le pilote et le copilote sont des hommes, c’est étonnant. Normal diront les machos, c’est un métier d’hommes, les vrais, avec études longues et tout et tout.  Je les plains un peu d’une certaine manière nos pilotes: le voyage ne devrait pas être de tout repos. J’oublie les quelques stewarts qui agrémenteront le voyage de nos alizées : j’espère simplement qu’ils ont des parachutes, on ne sait jamais. Ou des boules Quiès.

Embarquement.

Au comptoir de Corsair ou d'Air France, c’est l’incompréhension quand les équipes se pointent, suivies d’une armée de porteurs à bagages. Tu penses. Debout sur le comptoir, l’organisatrice se saisit de son mégaphone:

- Bon. Mesdames, Mesdemoiselles, Messie...

- Oouuuuh! Oouuuuuh! 

- Ah non finalement, il n'y en a pas des messieurs, c'est mieux...

-...

- Nous avons un big problem. On avait dit deux sacs par personne, dont un bagage cabine, on part une petite semaine et là, avec ce que je vois, on va devoir affréter un avion cargo pour transporter votre barda !

- Le cargo, le cargo, le cargo ! Qu’elles scandent les 180 Alizées.

Il est vrai que l’organisation n’a sans doute pas précisé la taille des bagages. Du coup, certaines sont arrivées avec des quasi-containers !

J’avoue ne pas comprendre et je demande à ce que l’on fasse l’inventaire d’une valise type. D'un container donc.

- Le cargo ! Le cargo ! Le cargo ! Qu’elles continuent de scander dans l’aérogare. Roissy est en ébullition. 

Je poursuis malgré tout, c’est important pour que les lecteurs comprennent.

- Le cargo ! Le cargo ! Le cargo ! On ne s’entend plus écrire.

Rien ne pourra m’arrêter dans cet inventaire : 35 paires de shoes! Running, chaussures de VTT, palmes, tongs pour la plage, escarpins pour la première soirée avec la robe rouge, croks pour la balnéo, escarpins pour la seconde soirée pour aller avec la tunique bleue, pantoufles pour le soir sous la tente, running de rechange, Converses pour les after, sandales pour la troisième soirée avec la tenue olé-olé, re-escarpins, c’est fou ce qu’il y a comme soirées et j’en oublie certainement. 35 paires de shoes par 180 personnes ce qui nous donne un total de… Je pose 3 et je retiens 2…. Ce qui nous fait 6300 paires de pompes à transporter…

- Le cargo ! Le cargo ! Le cargo ! 

Je passe sur le reste du trousseau, on va y passer des heures et l’avion décolle dans quelques heures. Ah tiens, certaines Alizées semblent apprécier le Nutella, je ne sais pas si c’est recommandé pour courir vite. Nous apercevons l’équipage de l’aéronef passer devant la sécurité et nous constatons que leur valise est réglementaire : Ouf !

Discussions et palabres mais in fine, c’est bien le pilote qui doit valider la charge totale de son avion avant de décoller, c’est la procédure. Harcelé par 180 filles, celui-ci finit par trouver une solution : moins de kérozène et plus de maquillage et de vêtements, il finira en vol plané si nécessaire pour atteindre Fort-de-France.  Le Raid est sauvé. Ouf, quel suspense. Je ne sais pas si nous resterons vivants.

Cécile et Julie retrouvent Marjorie.

Euh non, c'est Cécile et Marjorie qui retrouvent Julie.

A moins que ce ne soient Julie et Marjorie qui retrouvent Cécile.

Bref, les Dames de Coeur sont réunies. Check rapide avant l'embarquement. Tout est OK. Cécile à juste oublié ses escarpins rouges, Marjorie ses pantoufles et Julie ses sandales. Rien de grave, mais tout de même... L'essentiel est préservé: les Asics et les  tongs sont dans la soute. Autorisation de la tour de contrôle, plein gaz, décollage: c'est parti!

Au dessus de l'Atlantique

Rien sinon le vol ne se passe. Pas un bruit, tout est calme. Pendant les deux premières minutes. Bicoze ensuite, ce n'est pas pareil et je ne sais pas pourquoi. Le voyage est agrémenté d'un repas d'exception qui amène le calme dans la carlingue. Les Alizées sont bien élevées et elles ne parlent pas la bouche pleine. L'Atlantique est survolé à grande vitesse. Fort de France est en vue. 

Ah oui, je confirme qu'il y a un bien un homme à bord. Voire plusieurs: pilote, copilote. Pour les stewarts, je ne suis pas sûr: quand ils sont sortis, ils étaient habillés mais pas trop en chippendales.

Atterrissage. Nous y sommes, surtout elles.